Il y a quelques années j'assistais à un concert avec quelques connaissances. Parmi nous, il y avait un fan des Beatles avec un grand F. S'il connaissait les chansons du groupe par coeur, il était bien incapable de faire la différence entre ce qui était de leur propre cru et celui des autres. Quand le groupe sur scène entama les premiers accords de "Roll Over Beethoven", il s'exclama: ah les Beatles! Bien sûr n'importe quel rocker moyen sait qu'il s'agit d'un titre de Chuck Berry.
Nous allons reprendre quelques chansons très connues qui furent des tubes dans une version popularisée par un autre artiste, laissant parfois le créateur dans une parfaite obscurité. Et le phénomène n'est pas typique aux années 60...
En 1963, une chanteuse noire américaine, Bessie Banks, créa une chanson au titre de "Go Now". Pour elle, elle eut juste le mérite de l'avoir enregistré. C'est une chanson au potentiel certain. Quand elle fut reprise deux ans plus tard par les Moody Blues, elle devint un succès international qui propulsa même le groupe à la première place des charts. La version française "Va-t-en" présentée par Dick Rivers connut le même sort. Ce fut son seul disque classé no 1 au hit parade de Salut les Copains.
En 1962, un noir américain enregistre la première version avec paroles d'un titre alors exclusivement instrumental, "A Taste Of Honey". Une année plus tard elle est pratiquement dans toutes les oreilles via la version des Beatles qui charme les amateurs de chansons calmes et mélodieuses.
Eh bien venons en France en 1962, le groupe instrumental des Fantômes enregistre une composition d'un certain Jacques Dutronc, alors guitariste de El Toro et les Cyclones intitulée "Fort Chabrol". Ces artistes enregistrent pour le compte des disques Vogue. Un peu plus tard, un autre artiste maison, José Salcy, en enregistre une version chantée avec l'ajout de paroles de Lucien Morisse et André Salvet. Ce titre qui devient "Le Temps De L'amour" est un titre de remplissage de son premier disque. Encore un peu plus tard une certaine Françoise Hardy, forte d'un départ en fanfare et en guitares avec "Tous Les Garçons Et Les Filles", l'enregistre à son tour pour son deuxième disque. Il devient alors un classique de la variété qui traverse les époques repris par un tas d'artistes, son compositeur, Sylvie Vartan, April March, Venessa Paradis, et des dizaines d'autres, même en anglais. Alors parmi tout ce fatras si vous ne la connaissez pas, consultez un musicologue! Et les Fantômes, à part quelques uns qui s'en souvient?
On peut être star et passer à côté d'un succès. C'est bien le cas des Drifters, groupe vocal noir américain qui aligne un tas de titres immortels. Mais pas pour celle-ci. Vous la connaissez sans aucun doute par un ou deux autres.
Les Rolling Stones, très friands de reprises à leurs débuts en ont aussi immortalisé quelques unes. Celle-ci n'est pas la moindre.
La pauvre Merry Clayton a lancé une chanson qui fera plusieurs fois le tour du monde, mais dans la version des autres, pas la sienne. Vous risquez même de l'entendre dans un ascenseur, même que le liftier pourrait la fredonner...
Parfois, il faut s'y reprendre à deux fois pour immortaliser un titre, enfin disons prendre deux bouts de chanson pour en faire une troisième. C'est bien le cas des Trashmen et de "Surfin Bird", tout connement l'un des premiers disques à la rythmique résolument punk de l'histoire pop. Succès immortel et inspiration d'une pléiade de groupes, il n'a pourtant rien d'un truc fabrication maison, si ce n'est sa version déjantée. A l'époque, le groupe emprunta, sans trop lui demander son avis, deux chansons d'un groupe noir les Rivingtons. Mises bout à bout cela devint leur fameux succès, non sans quelques ennuis avec les droits d'auteur. Mais on leur pardonne c'est tellement beau! Pour une fois, la vapeur fut renversée, le groupe créateur put enfin prouver qu'il existait. Voici ces deux fameuses chansons...
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